Classique 1: Traité du Taiji Quan (Taiji Quan Lun)

Dès que vous bougez, tout le corps doit être léger et agile
En particulier, il doit être relié.
Qi (l’énergie vitale) doit être excité vers l’activité,
Pendant que Shen (l’esprit) doit être stocké à l’intérieur.
A aucun endroit il ne doit y avoir d’insuffisance ou de déficience,
A aucun endroit il ne doit y avoir de trous ou de bosses,
Aucun endroit ne doit être raccourci ou hyper étendu.
La racine est dans les pieds;
La décharge est produite par les jambes,
La puissance qui contrôle est dans la taille,
Et l’apparence est dans la main et les doigts.
Depuis les pieds vers les jambes vers la taille,
Tout doit être complètement uniforme et accompli dans une respiration (littéralement, un Qi),
Qu’il s’agisse d’avancer ou de reculer.
Cela aboutira à une bonne synchronisation et à des mouvements corrects.
Si en certains endroits la synchronisation et le mouvement correct ne sont pas accomplis,
Les mouvements du corps deviennent arbitraires et désordonnés.
La maladie doit être cherchée dans la taille et les jambes.
Dessus et dessous, avant et arrière, gauche et droite sont tous comme ceci.
En général cela est contrôlé par Yi (l’intention) et pas de façon extérieure.
S’il y a le haut, immédiatement il y a le bas;
S’il y a l’avant, immédiatement il y a l’arrière;
S’il y a la gauche, immédiatement il y a la droite.
Si Yi doit monter,
Yi pour descendre est là aussitôt.
Ou bien, si vous soulevez quelque chose,
Alors il y a Yi pour le fracasser vers le bas avec une force accrue.
De cette manière ses racines seront durement éprouvées
Et la destruction sera prompte et hors de doute.
Le vide et le substantiel doivent être clairement distingués.
Chaque endroit bien sûr a son propre équilibre de vide et de substantiel,
Chaque endroit consiste en cela, un vide et un substantiel.
Chaque partie du corps à son tour est suspendue ensemble,
Sans causer la moindre rupture.
Ce Chang Chuan (cette boxe longue),
Il est comme la grande rivière, le Chang Jiang,
Qui déferle et coule, sans interruption.
Des treize tactiques,
Peng, Lu, Ji, An, Cai, Lie, Zhou et Kao;
Ils sont les Huit Trigrammes.
Avancer, Reculer, se Tourner à Gauche, Regarder à Droite et se Stabiliser au Centre;
Ceux-là sont les cinq éléments.
Peng, Lu, Ji et An,
Sont les trigrammes Chien, Kun, Kan, Li, les quatre points cardinaux.
Cai, Lie, Zhou et Kao
Sont les trigrammes Sun, Chen, Tui, Ken, les quatre coins.
Avancer, Reculer, se Tourner à Gauche, Regarder à Droite et se Stabiliser au Centre;
Sont le Métal, le Bois, l’Eau, le Feu et la Terre.
Ce texte est souvent attribué à l’ermite taoiste Chang San-feng (XIVe siècle) mais il n’y en a aucune preuve d’une manière ou d’une autre.

Classique 2: Canon du Taiji Quan (Taiji Quan Jing)

Taiji (la Suprême Limite),
Est né de Wuji (Sans Limite).
Il produit à la fois le mouvement et l’immobilité.
C’est la mère de Yin et de Yang.
Dès qu’il y a mouvement, il y a séparation.
Dès qu’il y a immobilité, il y a unité.
Il n’y a rien d’exagéré, ni rien qui ne manque.
Sui (suivre) en se pliant puis se redressant,
Quand l’adversaire est dur et raide et que je suis flexible et doux, cela s’appelle Zou (mobilité);
Quand je suis fluide et pas l’adversaire, cela s’appelle Nian (adhérence);
Si les actions de l’adversaire sont vives, alors ma réponse est vive.
Si ses actions sont lentes, je les Sui (suis) lentement.
Bien qu’il y ait 10 000 transformations,
Les principes restent les même.
A travers la pratique et la familiarité (Zhao Shu), on en vient à comprendre graduellement Jin (la force entraînée).
A partir de la compréhension de Jin, on peut parvenir à l’illumination (Shen Ming),
Cependant, on doit être appliqué pendant une longue période,
Et on ne peut pas devenir expert instantanément
Videz la force de la nuque et du sommet de la tête,
Qi (l’énergie vitale) s’enfonce dans le Dan Tian (région de la chaleur vitale).
Ne penchez pas de chaque côté, vers l’avant ou l’arrière,
Subitement dissimulez, subitement révélez,
Quand la gauche se sent lourde, alors videz la gauche,
Quand la droite se sent lourde, alors éloignez la droite,
Lorsque l’adversaire regarde vers le haut, je suis encore plus haut;
Lorsqu’il regarde vers le bas, je suis encore plus bas.
Lorsqu’il avance, la distance semble incomparablement longue,
Lorsqu’il bat en retraite, la distance semble incomparablement courte.
Une plume ne peut être ajoutée,
Une mouche ne peut se poser,
Personne ne me connaît,
Moi seul les connais,
Un héros devient ainsi invincible.
D’autres écoles d’arts martiaux sont si nombreuses
Bien qu’elles aient des différences externes,
Sans exception, elles n’équivalent à rien de plus que le fort tyranisant le faible;
Le lent capitulant devant le rapide;
Le puissant battant les impuissants;
Les mains lentes se rendant aux mains rapides.
Ceci est entièrement dû à l’habilité naturelle innée (Ciel Antérieur)
Cela n’est pas du tout apparenté à l’apprentissage de l’utilisation habile de Li (force.)
A propos de la phrase « Quatre taels (le gramme chinois) déplace mille catties (le kilo chinois) ».
Il est évident qu’on n’utilise pas la force pour prendre l’avantage.
Lorsqu’on observe un vieil homme de quatre vingts ans résister à l’assaut d’un groupe de personnes,
Comment cela peut-il être dû à la vitesse?
Tenez-vous comme une balance en équilibre,
Bougez comme une roue.
Enfoncez le poids d’un côté puis Sui (suivez),
Avec la double lourdeur, il y a alors entrave.
On voit souvent des personnes qui ont pratiqué leurs habilités pendant des années,
Mais qui ne peuvent toujours pas changer ou tourner.
Cela conduit à être entièrement réglé sur les autres.
Ils n’ont pas conscience de leur maladie de double lourdeur.
Si l’on souhaite se libérer de cette maladie,
On doit connaître Yin et Yang.
Quand Nian (adhérence) est simplement Zou (mobilité),
Quand Zou est simplement Nian,
Quand Yin ne s’écarte pas de Yang,
Quand Yang ne s’écarte pas de Yin,
Quand Yin et Yang s’aident mutuellement,
Alors on peut dire que nous comprenons Jin (la force entraînée).
Après avoir compris Jin,
Plus on s’entraîne, plus on devient expert.
Silencieusement mémorisez, étudiez et imitez.
Graduellement on atteint le point où l’on peut faire tout ce qu’on veut,
A l’origine c’est s’abandonner pour suivre l’adversaire,
Beaucoup d’erreurs en délaissant ce qui est proche pour rechercher ce qui est loin.
Il est dit: « Une minute de divergence conduit à une erreur de mille Li (kilomètre chinois) ».
L’étudiant doit exercer son sens critique avec attention.
Ce texte est souvent attribué à Wang Zong-yue, un artiste martial et actif érudit de la fin du XVIIIe siècle.

Classique 3: Interprétation de la Pratique des Treize Tactiques (Shi San Shi Xing Gong Xin Jie)

Utilisez le Xin (esprit, cœur) pour mouvoir le Qi (énergie vitale).
Dirigez-le et laissez-le descendre,
Afin qu’il s’accumule dans les os.
Utilisez le Qi pour mouvoir le corps,
Laissez-le circuler sans entrave,
Alors vous pourrez faire ce que vous souhaitez.
Si le Jing Shen (mental) est stimulé,
Alors il n’y a pas lieu de craindre que le poids puisse se pencher d’un côté.
C’est ce qu’on entend par ‘suspendre la tête’.
Le Yi (intention) et le Qi doivent être alertes et interagir,
Ils doivent se mouvoir en cercles et être vifs.
C’est ce qu’on entend par ‘les changements du vide et du plein’.
Pour décharger la force, il vous faut être calme et détendu,
Concentré sur une seule direction.
Au repos, le corps doit être Zhong Zheng (droit et centré) et confortable,
Afin de venir à bout des attaques venant des huit directions.
Diriger le Qi, c’est comme lancer une perle sur un chemin aux neuf tournants.
Nulle direction ne lui est inaccessible.
Mouvoir le Jin (force cultivée) est semblable à l’acier cent fois trempé.
Rien ne saurait lui résister.
Ayez l’apparence du faucon qui attrape un lièvre,
Ayez le Shen (l’esprit) du chat qui attrape une souris.
Dressez-vous comme la montagne fière,
Déplacez-vous comme un fleuve puissant.
Accumulez le Jin comme si vous bandiez un arc,
Déchargez le Jin comme si vous décochiez une flèche.
Cherchez ce qui est droit au milieu de ce qui se courbe,
Accumulez, puis déchargez.
La force vient de la colonne vertébrale.
Recevoir, c’est laisser partir.
Si le contact est rompu, reprenez le contact.
En allant vers l’arrière et vers l’avant, il nous faut plier,
En avançant et en reculant, il nous faut tourner et changer.
Ainsi pourra-t-on passer du plus souple au plus ferme.
Si vous inspirez et expirez correctement, alors vous pourrez être agile et flexible.
Si le Qi est correctement nourri, aucun mal ne peut vous atteindre,
Si le Jin est accumulé dans les courbes, alors vous en avez en abondance.
Le Xin est le commandant,
Le Qi est le drapeau,
Et la taille est la bannière.
Cherchez d’abord l’expansion,
Puis cherchez à devenir compact,
Alors vous obtiendrez un résultat fin et soigné.
On dit encore :
D’abord dans le Xin,
Puis dans le corps.
Gardez l’abdomen relâché.
Le Qi pourra alors pénétrer les os,
Le Shen sera détendu et le corps confortable.
Gardez cela toujours présent à l’esprit.
N’oubliez pas que lorsqu’il y a mouvement, il n’y a rien qui échappe au mouvement,
Lorsqu’il y a fixité, il n’y a rien qui échappe à la fixité.
Quand on se déplace vers l’avant et vers l’arrière,
Le Qi colle au dos,
Il s’accumule et pénètre la colonne vertébrale.
À l’intérieur, cultivez votre Jing Shen,
À l’extérieur, faites montre de calme et de sérénité.
Déplacez-vous comme un chat,
Déplacez le Jin comme si vous filiez la soie.
Le corps et le Yi sont entièrement concentrés sur le Jing Shen,
Pas sur le Qi.
S’ils se concentrent sur le Qi, celui-ci stagnera.
Ceux qui concentrent toute leur attention sur le Qi seront dépourvus de Li (force physique),
Ceux qui ne prêtent aucune attention au Qi n’auront que la puissance.
Le Qi est comme une roue,
La taille est comme un essieu.
Ce texte est parfois attribué à Wu Yu-xiang, élève de Yang Lu-chan.

Classique 4: Chanson des Treize Tactiques (Shi San Shi Ge)

Les treize tactiques générales ne doivent pas être sous-estimées.
Initiez l’accomplissement de Yi (l’intention) au niveau de la taille.
Pendant les changements et les tournants du vide et du substantiel, vous devez maintenir Yi.
Qi circule à travers le corps sans le moindre obstacle.
Il y a immobilité même s’il y a mouvement;
Quand il y a mouvement il y a immobilité.
Conformément à l’adversaire mes changements apparaissent mystérieux.
Chaque tactique réside dans Xin (la pensée), le principe consiste à utiliser Yi (l’intention).
Dans la conquête de la perfection ne gaspillez pas Gong Fu (l’effort).
Sculptez et sculptez encore Xin (la pensée) il doit se situer à la taille.
En interne l’abdomen est relaxé et immobile et Qi s’élève,
Quand Wei Lu (le coccyx) est Zhong Zheng (ajusté avec le centre), Shen (l’esprit) se connecte avec le sommet de la tête.
Tout le corps se sent léger et agile quand le sommet de la tête est suspendu.
Soyez méticuleux et gardez Xin (la pensée) lors de vos recherches sur l’art.
Librement contractez et allongez, ouvrez et fermez et écoutez.
Pour passer la porte et être conduit(e) sur le chemin l’instruction oral est nécessaire.
Gong Fu (l’effort) est incessant.
Cultivez la méthode vous-même.
Demandons-nous quelles règles agissent pour le corps (en tout ceci):
Yi (l’intention) et Qi sont les souverains;
Les os et la chair sont les fonctionnaires.
Pensez et demandez-vous où se trouve le but final?
Il se trouve dans la recherche de la longévité et la conservation de la jeunesse apparente.
C’est une chanson à 140 caractères.
Chaque caractère a une signification et rien n’est omis.
Si vous ne vous interrogez pas sur le sujet de cette manière,
Vous gaspillez vainement Gong Fu (temps et énergie) et poussez un gros soupir.

Classique 5: Chanson du Combattant (Da Shou Ge)

Peng (parer vers le haut), Lu (dévier sur le côté), Ji (pousser tout droit) et An (appuyer vers le bas) doivent être considérés sérieusement.
Suivez l’adversaire dans la montée et dans la descente, alors il lui sera difficile d’entrer.
Même s’il m’attaque avec une grande force,
J’utilise quatre liang (once chinoise) pour déplacer mille jin (livre chinoise).
Entraînez l’adversaire vers le vide, puis déchargez promptement la force.
Nian (adhérez), Lian (continuez), Mian (soyez comme du coton), Sui (accompagnez), Bu Diu Ding (n’abandonnez pas, ne résistez pas).
Cai (déraciner), Lie (exercer une force en spirale), Zhou (utiliser le coude ou l’avant-bras) et Kao (utiliser l’épaule ou le haut du corps) sont encore plus merveilleux.
Vous n’avez pas besoin d’y réfléchir en les utilisant.
Pour être léger et agile, il vous faut comprendre ce qu’est le Jin (force cultivée).
Tenez le centre du cercle, ne dispersez pas les membres.
En résumé, voici le secret :
Si l’adversaire ne bouge pas, je ne bouge pas.
Si l’adversaire bouge ne fût-ce qu’un peu, j’ai déjà bougé.
Ayez l’air désinvolte, mais ne le soyez pas.
Soyez prêt à bouger, mais ne bougez pas.
Le Jin est brisé, mais le Yi (l’intention) ne l’est pas.